Jacotin. - Carte topographique de l'île de Corse. – 1824, 2,05 x 1,19 m. Noir et...

Jacotin. - Carte topographique de l'île de Corse. – 1824, 2,05 x 1,19 m. Noir et blanc. En 40 sections montées sur toile moderne.
L'une des plus grandes cartes de la Corse, dressée par Pierre Jacotin, ingénieur et cartographe français, d'après le levé de l'île réalisé entre 1770 et 1791. En haut à gauche figurent une carte des triangles de la Corse observés de 1773 à 1790 pour l'exécution du cadastre général de l'île, dressée par le colonel Tranchot, et une carte générale donnant la position de la Corse par rapport aux côtes de France, d'Italie et d'Espagne ; en haut à droite, un tableau alphabétique des points trigonométriques de la Corse, du nord de la Sardaigne, et des côtes et îles de la Toscane ; au bas de la carte se trouvent un tableau des arrondissements, cantons, communes ou mairies du département de la Corse avec le nombre des villes et villages, leur population et la superficie de leurs territoires en anciennes et en nouvelles mesures (arrondissements d'Ajaccio, Bastia, Calvi, Corte et Sartene), un tableau des règles de prononciation pour les noms de la carte, un autre contenant la signification française de plusieurs noms, une table des signes conventionnels et un tableau des anciennes divisions de la Corse par provinces et par pieves. L'échelle est en lieues, milles d'Italie et milles de Corse.
 Deux ans après que la France fut entrée en possession de la Corse, on commença dans l'île les opérations nécessaires à l'établissement d'un cadastre territorial, appuyé sur une triangulation géodésique régulière. Ces travaux, entrepris en 1770 sous la direction de l'ingénieur géographe Dominique Testevuide, furent terminés en 1791. Pierre Jacotin, neveu de Testevuide, fut attaché au cadastre de la Corse dès 1780, d'abord comme élève-géomètre, puis comme ingénieur-géographe et chef vérificateur. Il contribua largement au cadastre corse en ayant relevé 84 000 arpents de terre sur un total général supérieur à deux millions. Le 22 mai 1794, les Anglais s'emparent de Bastia. Les Français sont contraints de leur remettre les documents du plan terrier, mais avec la faculté d'en prendre copie. Jacotin remplit sa tâche de copiste et quitte la Corse en 1796, emportant avec lui un dossier complet.
 La carte de Jacotin est l'une des plus belles publications du Dépôt général de la Guerre. Les vallées, les plaines ou les montagnes sont rendues avec la plus grande vérité, tout comme les vignes, les bois, les routes ou les prairies ; toutes les divisions civiles, militaires et ecclésiastiques y sont tracées. Son abondante toponymie a profité des renseignements recueillis sur place et des vérifications du personnel occupé au plan terrier, amassant pendant plus de 20 ans des quantités de noms que l'on ne retrouvera pas sur les cartes ultérieures, en raison de leur importance relative, pour rester plus lisibles. On retrouve sur la carte de Jacotin des prononciations locales dont l'expression a disparu avec une italianisation systématique des formes adoptée depuis. Cette carte est aussi d'une importance capitale pour le réseau routier de l'île. En 1824, les routes nationales n'étaient pas construites, hormis celles d'une importance stratégique comme Bastia-St-Florent, Bastia-Corte ou Sagone-Aitone. Cette carte nous donne bien tracé, pour la première fois, ce réseau muletier remontant à une époque très ancienne, que Jaillot et Vaugondy avaient donné d'une manière inexacte. On peut ainsi suivre les itinéraires indiqués en 1530 par Giustiniani. Bel exemplaire. Cervoni, 137 ; Berthelot & Ceccaldi, pp. 186-188.